SciencePOD

Rémi Quirion

Make scientific advice pertinent at the city-level to benefit citizens

Rémi Quirion, Quebec Chief Scientific Adviser, shares his views on how to make scientific advice more prevalent in society at WCSJ 2023

(Pour la version française de cette interview, veuillez suivre ce lien)

Rémi Quirion, Quebec’s Chief Scientific Adviser is the longest serving scientific adviser internationally, with over 11 years in office. Ahead of his plenary session at the World Conference for Science Journalists 2023 (WCSJ 2023), he talks with Sabine Louët, CEO of SciencePOD, about delivering scientific advice at the level that is most pertinent to citizens. Specifically, he shares his experience in adapting scientific advice at the municipal level; which is where local politicians need it most. This approach offers the agility of a rapid response, to deal with emergency situations such as the pandemic or disasters linked to climate change.

Very often it's the mayor of a municipality who has their feet in the water during a flood. We don't have two days to issue advice. A scientific adviser can react quickly and provide advice in the face of these major disasters.

How can we ensure that providing scientific advice becomes more common in society?

We are tackling this big subject. It stems in part from the pandemic but also from disasters linked to climate change. We provide scientific advice at a very high level, at the United Nations, the World Health Organisation and also at the country level. As far as I am concerned, the scientific advice is also useful at the level of our province [Quebec].

Traditionally, however, a scientific council is less common at the city level, at the municipal level. Very often it’s the mayor of a municipality who has their feet in the water during a flood. We don’t have two days to issue advice. A scientific adviser can react quickly and provide advice in the face of these major disasters.

How do you plan to make scientists available to advise municipalities?

We are starting to develop scientific advice training programs at the city level. This is very concrete. In Quebec, we are starting to see what we call scientist-in-residence positions in the municipalities. So rather than doing a post-doc, say, in biochemistry in a lab, a researcher can go and work as a science adviser for two years with a post-doctoral fellowship from the city of Montreal or other cities in Quebec.

Is this initiative replicated elsewhere?

Following a session on ‘Science Advice to Cities’ at the recent AAAS conference, I met the representatives of Washington city hall, who expressed interest in this approach. As President of the International Network of Science Advisors to Governments (INGSA)—which has 5,000 members in 130 countries—I’m working on starting a North American chapter. And this move will really increase capabilities in terms of scientific advice delivered to cities across the continent. We also want to collaborate with Europe, with Africa, and other places.

What are the advantages?

I think what is a bit lacking with a classic scientific advisory council is proximity. And for our fellow citizens, the first link they have is often with their town, with their city. Sometimes it seems a bit abstract when scientific advice applies at the country level. For example, if we think about climate change, the Paris Agreement sets a global warming upper limit of 1.5 degrees to mitigate climate change. What do you do with that at the town level? What does that mean in a very concrete way? Hence, the idea of introducing scientific advisors at the city level over the next few years.

What types of issues will these advisers work on?

We had major flooding in Quebec two or three years ago. There were also forest fires in Western Canada and California. And here too, elected municipal officials need scientific advice. Sometimes a scientific adviser already exists in certain cities where there are more universities, colleges, more links, but in others much less. It is necessary to have solutions in place already or have scientific advisers ready to react quickly. If a researcher says they want to help, but they are busy working on another project and we need to wait for a week for them to be free, it is too late already.

How do you communicate degrees of uncertainty in scientific data to politicians?

The way I’ve done it from the beginning is to openly communicate the uncertainties.

I do not say, ‘I propose this solution to you that is guaranteed to work’. It may be that the advice is guaranteed to work, but this is rare when we speak of scientific advice. Instead, I would rather propose solutions A, B or C and explain what the repercussions are in each case in such a way that we also can keep in mind other considerations. We saw this a lot during the pandemic, in relation to, for example, the need to keep a one-meter distance between people.

When a politician makes a decision, we hope that they have given consideration to scientific data, of course, while also taking into account many other elements, such as economic and social issues. Our objective, at least for me in Quebec but also for members of the international INGSA network, is to ensure that more senior civil servants and politicians take scientific evidence into account. But in the end, politicians are the ones making the final decision.

Instaurer un conseil scientifique à l’échelle des villes

Rémi Quirion Scientific-en-Chef du Québec, parle de l'importance du conseil scientifique pour notre société à WCSJ 2023

Rémi Quirion, Scientific en Chef du Québec, le doyen des conseillers scientifiques, depuis 11 ans en poste, s’entretient avec Sabine Louët, CEO SciencePOD, sur le besoin d’adapter le conseil scientifique au ceux qui en ont le plus besoin. En avance de sa session à la conférence mondiale des journalistes scientifiques (WCSJ 2023), il partage son expérience d’adapter le conseil scientifique à l’échelle des municipalités pour donner des conseils de proximité là où les responsables politiques locaux en ont le plus besoin. Cette approche apporte une réponse rapide, pour faire face à l’urgence de certaines situations telle la pandémie ou les catastrophes liées au changement climatique.

Comment peut-on s’assurer que le conseil scientifique soit plus présent dans la société?

C’est un grand sujet sur lequel on travaille beaucoup, qui est venu un peu de la pandémie mais aussi des catastrophes liées au changement climatique. On dispense le conseil scientifique, à très haut niveau, aux Nations Unies, à l’Organisation Mondiale de la Santé et au niveau des pays. Pour ce qui me concerne, le conseil scientifique sert au niveau d’une province [le Québec]. 

Mais le conseil scientifique existe beaucoup moins au niveau d’une ville, au niveau d’une municipalité. Très souvent, c’est le maire, ou c’est la mairesse de la municipalité qui a les pieds dans l’eau lors d’inondations, On n’a pas deux jours pour écrire des mots et tout ça, Il faut que le conseiller, la conseillère scientifique puisse réagir rapidement et faire des suggestions face à ces grandes catastrophes.

Comment envisagez-vous de mettre des scientifiques à disposition des municipalités pour les conseiller?

On commence à développer des programmes de formation en conseil scientifique au niveau des villes. C’est très concret. On commence à voir au Québec, ce qu’on appelle des postes de scientifiques en résidence dans les municipalités. Donc plutôt qu’à d’aller faire un post-doc de biochimie, par exemple, dans un laboratoire, des chercheurs ils peuvent aller travailler deux ans avec une bourse post-doctorale avec la ville de Montréal ou d’autres villes au Québec.

Est-ce une initiative répliquée ailleurs?

Suite à une session sur le conseil scientifique aux villes à la récente conférence de l’AAAS, j’ai rencontré la mairie de Washington,  En tant que président du Réseau international de conseillers scientifiques aux gouvernements, l’INGSA—qui a 5,000 membres dans 130 pays —je travaille à démarrer un chapitre nord-américain. Et la, ça va vraiment augmenter les capacités en conseil scientifique aux villes. Nous souhaitons aussi collaborer avec l’Europe, avec l’Afrique, un peu partout.

Quels sont les avantages?

Je pense ce qui manquait un peu avec le conseil scientifique classique, c’est la proximité. Et pour les concitoyens, c’est souvent le premier lien qu’ils ont avec leur village, avec leur ville. Des fois, ça paraît un peu abstrait lorsque le conseil scientifique s’applique au niveau du pays. Par exemple, si on pense au changement climatique, l’accord de Paris, donne un objectif de limiter le  réchauffement de la terre à un virgule cinq degrés, qu’est-ce que tu fais avec ça lorsque tu es dans ton village? Ça veut dire quoi de façon très concrète ? D’où l’idée de partir du conseil scientifique au niveau des villes au cours des prochaines années.

Sur quels types de dossiers ces conseillers vont-t-ils travailler ?

On a eu des inondations importantes au Québec il y a deux trois ans. Il y a aussi eu les feux aussi forêt dans l’ouest du Canada, et en Californie. Et là aussi, les élus municipaux ont besoin  de conseils scientifiques. Des fois le conseil existe, dans certaines villes où il y a plus d’universités, de collèges, plus de lien mais dans d’autres il y a beaucoup moins de soutient. Qui plus est, il faut avoir des solutions en place ou les conseillers scientifiques sont prêts à réagir rapidement. Si un chercheur dit oui je suis intéressé pour aider, mais je travaille sur un autre dossier pour l’instant. S’il faut les attendre une semaine, c’est déjà trop tard.

Comment communiquer la part d’incertitude dans les données scientifiques aux politiques?

La façon dont je l’ai fait depuis le début, c’est de communiquer les incertitudes. 

Ne pas essayer de dire je vous propose cette solution là et c’est béton, Ça peut arriver d’avoir des conseils certains, mais c’est rare lorsqu’on parle du conseil scientifique, où on est plutôt à proposer des solutions A, B ou C. Et expliquer pour chacun des cas les retombées de telle ou telle façon tout en gardant d’autres aspects en tête. On l’a vu beaucoup pendant la pandémie, par rapport par exemple, à la distance d’un mètre.

Lorsque le politique prend la décision, on espère qu’il va avoir considéré les informations de données scientifiques. Mais bien sûr, après avoir pris en compte plein d’autres éléments, comme des éléments d’économie et de classes sociales..

Notre objectif, en tout cas pour moi au Québec, est aussi dans le réseau international INGSA, c’est de s’assurer que davantage de hauts fonctionnaires et de politiciens tiennent compte des données probantes des scientifiques. Mais en bout de ligne, c’est eux qui prennent la décision.

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